Liège Bastogne Liège : une belle virée belge !
Me voici embarqué par mon beau-frère dès le début d'année 17 dans ce projet, celui de participer à la cyclo Liège Bastogne Liège la veille du passage des coureurs pros. Assez vite j'essaie de motiver Joël Palmace ainsi que d'autres cyclos du coin pour monter un groupe ! A la suite de plusieurs défections (je passe les détails), nous sommes finalement 3 gars du club au départ : Joël P., moi-même, et notre infatigable Eric Lebreton, remplaçant à la dernière minute un forfait! Trois circuits s'offraient à nous : 75, 153 ou 273 kms avec des dénivelés impressionnants (+2500 m pour le 153 kms et +5400 m pour le 273 kms). Sans hésiter, nos 2 rouleurs Eric et Joël avaient opté pour le 273, et j'ai préféré choisir plus prudemment le 153 kms.
Nous nous retrouvons tous les 3 la veille du départ, sur le village partenaires, afin d'établir notre tactique du lendemain (!), retirer nos dossards et nous mettre dans l'ambiance en sirotant une bonne bière belge . Joël s'inquiète du haut de ses 61 printemps, de la relative jeunesse des participants au 273 kms ; je le rassure en lui disant qu'avec sa condition, c'est sans doute lui qui va leur montrer sa roue arrière !Eric piaffe d'impatience, tout en reconnaissant qu'il n'a pas fait plus de 130 kms, cette année ! Pour ma part, je garde pour seul objectif, de terminer vivant !Nous nous quittons finalement en décidant de faire la première partie du circuit en commun (environ 40 kms) avant de bifurquer chacun sur son circuit, et en priant pour que les conditions météo restent correctes !
Le lendemain, 7h15 : nous sommes sur la ligne de départ .Une dernière photo avec le maillot et c'est parti ! Le temps est menaçant, froid mais encore sec .Comme convenu, nous partons ensemble, mais ça ne va pas durer : dès la sortie de Liège, nous attaquons une première difficulté (non répertoriée) de 4 ou 5 kms en pente modérée. Le groupe dans lequel nous nous trouvons, monte bon train et je sens que je suis déjà en train de monter dans les tours : j'ai chaud sous mon imper, je m'époumone à vouloir suivre et finalement, prudent (trop ?), je décide de laisser partir le groupe avec mes 2 compagnons de club, fringants comme des cadets! J'en profite pour retirer mon imper . Hélas 5 minutes après, le ciel nous tombe dessus : une pluie fine, mêlée à du grésil me cingle le visage (dans les descentes, je vais vite !), m'obligeant à stopper à nouveau pour remettre l'imper .Ce froid humide va peu à peu s'infiltrer sous les vêtements, et c'est la galère qui commence et qui va durer plus de 3 heures .Routes glissantes, descentes rapides et côtes pentues s'enchainent dans une ambiance typiquement belge ; je rêve d'un bon chocolat chaud, d'un cornet de frites mayo, de vêtements secs mais rien à faire il faut continuer et ne pas céder . Après avoir sauté le 1 er ravito (je sais que si je m'arrête, je ne repartirai pas), j'attaque les premières difficultés répertoriées au programme. Avec mon 34/25, je monte à mon rythme et ça permet de se réchauffer un peu ; je réserve mon 34/28 pour les 3 dernières ascensions (côte de la redoute, de la roche aux faucons et de St-Nicolas), qui, je le sais sont les plus dures et où je crains de mettre pied à terre .Nous passons tout près du circuit de vitesse de Spa car sans le voir, nous entendons pendant plusieurs kms le vrombissement des moteurs survitaminés. Ces premières côtes sont relativement agréables : la pluie se raréfie peu à peu, le décor devient magnifique (lacets en forêt, prairies verdoyantes), et les jambes restent assez bonnes, ce qui n'est pas pour me déplaire ! Les kilomètres défilent enfin et j'approche enfin de la fameuse côte de la redoute, la bien nommée .Elle en épouvante plus d'un, avec ses 1600 mètres de longueur, des pentes à 20 %, et une moyenne à 14 % .Dès le bas, virage à droite et tout de suite, en voyant ce qui m'attend, j'enclenche le 34/28. Je vais mettre plus de 9 min à grimper, à me tortiller, à me dandiner, à me faufiler entre les camping-cars qui attendent les pros du lendemain, à me demander ce que je fais là, à me reprocher d'avoir trop mangé pendant les fêtes, 9 longues minutes où chaque coup de pédale est une épreuve, mais où chaque mètre grimpé est une victoire. J'espère un hypothétique replat qui ne viendra jamais ; heureusement, les spectateurs m’encouragent et soudain j'aperçois l'arche du sommet, encore 300 m, à tenir, à serrer les dents, à refuser d'abdiquer et enfin je la tiens cette joie de franchir une côte mythique, j'en rirais presque si je n'avais pas si mal aux cuisses! Pas le temps de profiter du paysage ( j'ai presque peur que Joël et Eric ne me rattrapent, vu ma moyenne qui chute dangereusement ), j'enchaine la descente, puis la montée de la Roche aux Faucons, et ses pentes à 18 % (une bagatelle !) . Dans la longue descente qui suit la Roche aux faucons, ma chambre à air éclate ; c'est le début des embêtements. Sans m'énerver, je répare, et repart plus remonté que jamais vers la dernière difficulté : la côte de St-Nicolas.
Je la passe difficilement, car très raide et les efforts commencent à peser dans les jambes ; j'ai d'ailleurs à ce moment une pensée pour Joël et Eric pour qui les difficultés étaient bien pires encore. Dans quel état vont-ils arriver ? Dans la descente de St-Nicolas, j'éclate à nouveau ! Et pas d'autre chambre à air (quelle imprévoyance !), je suis à 10 kms de l'arrivée, il n'est pas question d'abandonner, nous sommes dans les faubourgs de Liège et je décide alors de partir chercher à pied un vélociste pour réparer. Après avoir fait plus de 2 kms à pied avec mon vélo, avoir traversé tout penaud la place centrale de Liège où a lieu au même moment la présentation des équipes professionnelles, j'arrive enfin au Décathlon où un sympathique vendeur résoudra mon problème. Ensuite, je retrouve le circuit et parvient enfin à franchir la ligne d'arrivée après 6h30 d'efforts, éreinté, mais heureux d'en avoir terminé.
Il ne reste plus qu'à se changer et attendre l'arrivée de mes 2 compagnons de club. Hélas, les heures passent, je commence à avoir froid, et préfère rentrer au chaud. Plus tard, dans la soirée, je les aurai au téléphone, j'apprendrai qu'eux aussi, et encore plus que moi ont souffert du froid et de la pluie, ont connu des côtes plus sévères et pourtant ils m'ont l'air très content de leur aventure et surpris d'avoir fini en aussi bon état! Mais tout ça, ils vous le diront eux-mêmes. Bientôt, nous roulerons de nouveau tous ensembles et l'on se souviendra longtemps de ce 22 avril 2017, le jour où nous sommes devenus des vrais flahutes !
Lionel
Challenge Liège Bastogne Liège Eric